du 2 au 6 juin 2020

Carte blanche
Eva Doumbia

Car son propos dépasse les questions esthétiques pour embrasser le monde, la société et bien sûr le Théâtre, nous avons fait le choix d’offrir une carte blanche à Eva Doumbia qui se construira au cours de la saison.

Elle présentera notamment son spectacle On ne Badine pas avec l’Amour d’après Alfred de Musset adapté pour 3 acteurs.

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On ne badine pas
avec l'amour

Durée 40 min
Horaires 20h / jeudi 19h / samedi 16h

D'après On ne badine pas avec l'amour  d'Alfred de Musset

Musique originale Lionel Elian

Scénographie Francis Ruggierello et Eva Doumbia

Lumières Pascale Bongiovanni

Images Myriam Mihindou

Production La Part du Pauvre

Coproduction Nana Triban

Adaptation et mise en scène
Eva Doumbia
Lorsque j’ai créé la première fois Badine, il y a 17 ans, j’avais coupé certaines scènes et répliques. Parmi elle, la plus célèbre, dite par Perdican :  
« Tous  les  hommes  sont  menteurs,  inconstants,  faux,  bavards,  hypocrites,  orgueilleux  et  lâches,  méprisables  et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. »
Evidemment, dès les premières représentations, des spectateurs nous faisaient part de leur frustration.
Je l’avais coupé justement parce qu’étant la plus célèbre, elle résonnait en moi comme un cliché.
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« On  ne  badine  pas  avec  l’amour »  appartient  bien  au  genre  du  proverbe,  et  c’est  précisément  cette  réplique  de Perdican qui est devenu proverbiale.
Sous la pression des comédien.nes, j’avais fini par la ré-introduire.  
Aujourd’hui, quand je repense à cette partie du texte, l’endroit de mon rejet est beaucoup plus clair : il s’agit de la construction du féminin et du masculin.  
 « Tous les hommes ne sont pas » ceci ou cela et « Toutes les femmes » non plus. Et nous savons maintenant que tout est construction sociale. De la même manière que « s’habiller en fille » n’a pas d’autre sens que celui que les sociétés lui apposent. « On ne nait pas femme », pas plus que  « l’on ne nait homme ». Pourtant les représentations persistent, même si elles se sont modifiées et on entend encore, sous la pression des industries,  que tel jeu, vêtement, histoire est pour les filles et tel autre pour les garçons.   
J’ai donc imaginé une petite forme en direction du public scolaire pour mettre en jeu la construction du masculin/féminin à partir de cette réplique. Déconstruire le masculin/féminin amène aussi à toutes les autres déconstructions. Et le texte de Musset, comme la plupart des textes classiques fourmille de représentations sexistes, classistes, racistes. Cette petite forme d’environ 40 minutes est suivie d’un débat, d’une discussion avec les élèves.  
Elle peut être présentée plusieurs fois dans les établissements en amont du spectacle, ou à sa suite.

Biographie

Eva Doumbia

Elle a grandi à Gonfreville l’Orcher (commune ouvrière dans la banlieue du Havre) d’une mère normande et d’un père malinké, dans un milieu qui brasse ouvriers syndiqués, travailleurs immigrés, étudiants africains, instituteurs communistes. Sans doute cela constituera l’hybridité et la liberté de son travail, qui emprunte à la musique, littérature, danse, aux sciences sociales, à la cuisine ou à la coiffure. Après des études en Lettres modernes et théâtrales à l’Université de Provence, Eva Doumbia se forme à l’Unité Nomade de Formation à la mise en scène auprès de Jacques Lassalle, Krystian Lupa (mise en scène), André Engel/Dominique Müller (dramaturgie et mise en scène), Pierre Mélé/André Serré/Marion Hewlett (stage technique au TNS). Elle participe a la création d’un collectifs d’artistes français afrodescendants, maghrébins, asiatiques…, qui sur le modèle du mouvement H/F sera une plateforme militante chargée de redresser les inégalités liées aux origines ethniques et sociales dans la culture. En février, le Carreau du Temple lui confie la programmation d’AfricaParis premier gros  événement interdisciplinaire afropéen français, qui a été visité par plus de 12000 personnes en trois jours de débats, rencontres, concerts, ateliers, spectacles, expositions, défilés de modes, concept-store de designers… Par la suite elle crée la structure les Rendez Vous Afropéens dans le but de pérenniser ce festival.

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